Jean-Pierre Danel : Guitar
Connection 2 : retour gagnant.
On attendait depuis plusieurs mois la suite du succès surprise de
l'été 2006, "Guitar Connection". Jean-Pierre Danel avait surpris son monde en
produisant et en interprétant un album instrumental, assorti d'un dvd de
méthode, qui raflait un disque d'or et squattait la première place du Top 50. Du
jamais vu !
Il faut dire que l'homme n'en est pas à son galop d'essai : auréolé de deux
Grammy Awards aux USA, d'un album en compagnie de Clapton, BB King et Santana,
et de quelques millions de disques vendus, Danel est même cité aux USA parmi les
15 plus grands guitaristes du monde !
Huit mois donc après la déferlante de pub qui a accompagné le premier album,
voici le volume 2 tant espéré. Et on est pas déçu ! L'album est simplement
époustouflant ! Le jeu, le son, les standards, l'utilité du dvd...tout y est.
Qualité et quantité ? En gros, oui !
L'album s'ouvre par un medley d'une efficacité qui va vous laisser collé à
votre siège. Yes, Deep Purple et AC/DC ont pour la première fois rendez-vous
ensemble, et ça dépote ! Danel joue les parties mélodiques originellement
chantées avec un feeling et une qualité d'expression toute en finesse et en
efficacité, mais il s'attarde surtout sur les riffs d'acier trempé de ces
standards du rock lourd et sur des solos dont les envolées sont parfois
exceptionnelles. Celui de "Owner of a lonely heart" lui vaudrait bien un Grammy
aux Etats-Unis.
"Live and let die" de McCartney est un petit bijou. Couplets à la guitare
classique, sensibles et chics, et à l'arrivée du thème principal : la claque !
Symphonique et rock font des étincelles...
Suit un second medley, avec un "Satisfaction" réussi mais qui n'est peut-être
pas le point fort du disque, suivi par "My Sharona", qui va vous décoller les
tympans (Michaël Youn en paraîtrait presque sage à côté !), et par un "Money for
Nothing" d'anthologie, où le solo rivalise aisément avec un Knopfler qui serait
dans sa meilleure forme.
"My song of you" reste lui aussi instrumental. Voulzy et Danel, complices
depuis des années comme vous l'apprendrez dans le dvd, jouent sur l'émotion.
Pari réussi, même si on est quand même loin de l'esprit rock de l'album. Mais le
toucher de la ligne mélodique de Danel est tout simplement sublime. Et quel son
!
"Hôtel California" ne réserve pas de surprise, au sens où le solo fleuve est
repris de façon rigoureusement identique. Mais qu'auraient dit les puristes si
un français avait changé la moindre note de cet hymne US des 70's ? Un titre de
bonne facture, bien senti, mais sans sens de l'aventure.
"Nivram" est un duo jazzy avec l'idole de Danel : Hank Marvin. Les jeunes
générations françaises ont sans doute perdu la notion de ce que peut représenter
cet homme qui influença tout ce qui suivit son groupe, les Shadows. Pink Floyd,
Police, Queen, Dire Straits, Mike Olldfield, Clapton, McCartney et à peu près
tous les autres se réclament de lui. Le pape de la Stratocaster, qu'il fut le
premier à posséder en Europe. Une consécration internationale pour Danel donc.
Et un plaisir pour nous de voir ressortir des tiroirs ce thème fluide et
aérien.
On reste dans les 60's avec les deux titres suivants, "While my guitar gently
weeps" et "Come together", hommages appuyés et réussis aux Beatles, dont le
premier comporte un duo avec Pascal Danel, le père de l'interprète de l'album,
vedette yéyé aux tubes gravés dans l'inconscient collectif, dont on apprend
qu'il a débuté dans un groupe de rock en 62. Dans "Come together", le fils se
fait plus rock qu'à aucun autre moment de l'album, et là, attention, rangez vous
: ça déchire ! Deux solos pour le prix d'un, et vous n'avez pas fini d'astiquer
votre manche pour les travailler... De la très haute voltige, maîtrisée avec le
sourire dans le dvd. Ca calme.
"Peter Gunn theme" nous offre un beau solo...de saxophone ! (et un son de
guitare infernal !). "Toute la musique que j'aime" est une surprise réussie, où
Danel montre ses qualités de bluesman dynamique et mélodique. Etonnant et
sympathique.
"Il était une fois dans l'ouest" ne contient qu'un court passage de guitare,
mais le thème vaut le détour pour l'orchestre et l'ambiance spaghetti. Police
est ensuite à l'honneur - c'est opportun puisque le groupe se reforme après 24
ans de séparation - avec un "Every breath you take" dont le solo final vaut son
pesant de Gary Moore. "The rise and fall of flingel bunt" est le second hommage
aux Shadows de l'album. Un titre très 60's et très solide.
Danel s'aventure ensuite à un jeu dangereux : 5 minutes d'improvisation de
blues. D'autres l'ont fait (et bien fait) avant lui. Pas si facile d'être
interessant tout du long, mais il y parvient avec talent : son parfait, feeling,
idées subtiles, clichés assumés mais souvent remis à neuf, et clins d'oeil
Claptoniens. Pas vraiment nouveau mais classe.
"Sea socks and sun" vous donne envie de conduire sur la Route 66 jusqu'à la
nuit, et, suite logique, "Night Fall" qui clot l'album, est une pièce superbe et
émouvante, pour un final plus intimiste, composé, comme les deux titres
précédents, par un Danel en forme.
Bref, si vous êtres fan de Greenday ou de Marilyn Manson, ce disque est
peut-être un peu soft, mais si vous êtes un amateur de rock et de pop, vous
allez être comblé !
Et si vous vous voyez en futur guitar-hero, le dvd vous montrera les plans
qui tuent, au ralenti, avec et sans musique, avec tablatures en ligne sur www.jeanpierredanel.com. Les bonus sont à la fois
sympas et instructifs, avec du blues acoustique dans un long duo Danel / Marvin.
On apprend au passage que le volume 3 de "Guitar Connection", prévu cet été,
sera aussi vocal (et la démo sonne !). 2h30 de programmes devant lesquels votre
petite soeur va s'endormir mais que le fan de guitare que vous êtes va dévorer
!
Du travail de pro !
Olivier Gardet
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