JEAN-PIERRE
DANEL
FRENCH GUITAR CONNECTION
A 38 ans, Jean-Pierre Danel a
à peu près touché – avec succès – à tout…
Unique artiste – français
comme international – à avoir obtenu un N°1 des ventes en France avec un disque
de guitare instrumentale, il entre aujourd’hui au Panthéon du rock avec son
album Guitar Connection.
Déjà auréolé de deux awards
aux USA (meilleur album et meilleur compositeur), d’une participation remarquée
aux Masters de la Guitare – Les Plus Grands Guitaristes du Monde, aux
côtés d’Eric Clapton, Carlos Santana, Al di Méola et Stanley Jordan, il est
aussi un producteur de disques chevronné (114 disques d’or et platine !!).
Quand il touche au cinéma (en
concevant et produisant la comédie loufoque Car Academy), c’est un
double dvd de diamant qui est au rendez-vous. Son prochain projet ? Un
livre sur Sacha Guitry !
Mais qu’est-ce qui fait courir
Jean-Pierre Danel ?
Parlez-nous du parcours qui
vous a mené à Guitar Connection…
J’ai débuté professionnellement
par la scène, en 1982, puis quelques enregistrements en studio ont rapidement
suivi. J’ai ensuite travaillé avec de nombreux musiciens (les équipes de Michel
Berger, Johnny Hallyday, Céline Dion, Laurent Voulzy, etc.), que j’ai ensuite
engagés à mon tour pour mes propres productions. En 1989, ma société Puzzle
Productions a démarré, et, parallèlement, j’ai sorti une quarantaine d’albums
de guitare instrumentale, dont certains furent des succès à l’étranger, et
trois ou quatre des hits en France aussi…
En l'an 2000, votre album Stratospheric raffle deux
awards aux USA…
Oui, et j’ai ensuite été contacté
pour participer aux Masters de la Guitare. C’était très sympa à faire.
Pourquoi se lancer aujourd’hui dans la
production d’un album comme Guitar Connection ?
C’est
principalement une idée de Dominique Gorse, chez Sony, en fait. On parlait de
diverses choses que l’on pouvait faire ensemble, et j’ai cité mes albums
d’hommage aux Shadows. Il a préféré une thématique plus large. Puis j’ai ajouté
l’idée du dvd…Sony cherchait depuis longtemps un projet un peu atypique.
Comment avez-vous choisi les
titres qui composent l’album ?
C’était assez simple en fait. Il
n’y a pas 10 000 standards instrumentaux à la guitare. Certains
s’imposaient d’eux-mêmes, quelques autres ont fait l’objet de discussions, puis
j’ai ajouté quelques inédits de ma composition, dans des styles qui
complétaient l’album. Pas exemple, il n’y a pas d’instrumental de blues qui
soit un réel standard, alors j’ai fait un titre dans ce sens
Vous utilisez toujours du matériel
vintage ?
Oui, pas mal, mais pas
uniquement. Ma Stratocaster de 1956 me suit toujours, mon ampli Vox de 1963
aussi, mais les reverbs et délais sont modernes. Ca fait quand même moins de
souffle !
Gary Moore, Carlos Santana,
Dick Dale, les Ventures…C’est assez éclectique !
Oui ! N’oublions pas les Shadows !
Et les thèmes de films…Je suis assez éclectique de toutes façons dans mes goûts
musicaux. Mais cela dit, on reste dans le pop rock, à part le Concerto de
Aranjuez et Jeux Interdits…
Parlons de vos titres…One More
Blues figurait déjà sur l’album Masters de la Guitare – Les Plus Grands
Guitaristes du Monde…
Oui, mais je l’ai ré-enregistré
pour Guitar Connection, avec un autre solo improvisé de presque 5
minutes. Comme je le disais, l’album avait besoin d’un titre dans ce genre là…
Ballad For a Friend est le
titre pour lequel vous avez reçu un de vos awards aux USA...
Oui, j’en parle dans le dvd.
C’est un titre composé en 1986, et qui a reçu ce prix en 2000, parce qu’aux
USA, comme je l’avais repris sur mon album de cette année-là, ils ont pensé que
le titre était nouveau ! Mais c’était très flatteur quand même ! J’ai
ajouté des paroles en 2003 pour ma compagne, mais sur ce disque, il s’agit de
la version instrumentale.
Mini Skirt…
Un thème jazzy. Ca manquait aussi
sur le disque. Je l’avais déjà enregistré, mais là aussi, j’ai tout refait pour
ce disque.
Quel solo !
Merci ! C’est rigolo à
faire, avec quelques petites choses inhabituelles…
A Love Theme for Sabine est magnifique…
Merci ! C’est un thème que
j’ai composé au piano, pour ma fiancée Sabine, comme vous l’aurez
compris ! C’était important pour moi de lui dédier quelque chose sur cet
album, car elle m’a beaucoup poussé à faire une parenthèse dans la production
pour redevenir un artiste quelques temps. L’orchestre Symphonifilm donne une belle
ampleur à ce titre. Et au studio Viking, nous avons délibérément cherché une
atmosphère à la Phil Collins, très différente du reste du disque, mais la
guitare planante fait le lien. Fred et Eric Prados sont très brillants, et leur
contribution technique et musicale fait beaucoup pour l’unité de l’album.
Wooden Leg Stomp montre combien vous maitrisez
parfaitement les solos de rock’n’roll !
C’est un style qui m’a nourri, et
que je trouve toujours aussi dynamique. C’est vraiment sympa à faire. Essayer
d’être pêchu avec un son très propre, ça n’est plus si évident maintenant qu’on
a entendu tant de choses plus dures. Mais ca fonctionne parce que le style est
très ancré dans la mémoire collective.
Le dvd est très bien fait, très instructif.
Seules manquent les tablatures…
Oui, pour des raisons de coût, il
était infaisable de les inclure dans un format cd. On va les mettre en ligne
sur mon site. Mais le dvd reste efficace à mon avis. L’équipe de Forge l’a
rendu clair et accessible.
Qu’en a-t-il été de l’enregistrement et des
musiciens ?
Eh bien, nous avons donc
enregistré l’essentiel chez Viking Studio à Paris, sauf les batteries
acoustiques, quelques basses et deux titres fait dans mon propre studio (FBI
et Wipe Out).
Olivier Unia, qui joue avec
Gérald De Palmas et Yannick Noah a partagé les basses avec Bernard Paganotti,
musicien attitré de Francis Cabrel. On a aussi Franck Ridacker, le batteur
d’Indochine et de Thomas Fersen, ou Jean-Marie Redon, qui a joué avec Alain
Bashung, Joe Dassin et Marcel Dadi, et qui fait le banjo sur Dueling Banjos,
le thème du film Délivrance.
Vous avez vous-même joué quelques basses,
claviers et même quelques percussions…
Des bricoles, oui. Le clavier sur
A Love Theme for Sabine, pour montrer les harmonies à Steve Journé, le
chef d’orchestre, parce que je ne sais pas écrire une partition. Et finalement,
on a gardé ce que j’avais joué, et il a mis l’orchestre par-dessus, avec un ou
deux thèmes que je lui avais suggérés et qu’il a très joliment étoffés.
On dit qu’un volume 2 est prévu…Que
comprendra-t-il ?
Top Secret ! Mais vous ne
devriez pas être déçu ! Je l’espère en tous cas. Je ne ferai un volume 2
que s’il apporte quelques chose de nouveau, et pas seulement pour vendre
quelques disques de plus en abîmant un projet qui jusque là plait beaucoup. On
a quelques bonnes idées je crois…Quelques guests peut-être aussi.
Votre carrière de producteur
est très impressionnante et variée. Comment conciliez-vous l’aspect commercial
et l’aspect artistique lorsqu’il s’agit de votre propre album ?
C’est une difficulté. Je suis
bien placé pour mesurer les contraintes de la production. Les exigences de la
maison de disque aussi. Alors j’essaie de ne pas être un artiste compliqué,
avec un égo débordant. J’accepte certaines options, et je m’y tiens du mieux
que je le peux…
N’êtes vous pas surpris du
succès de Guitar Connection ? Qui aurait pensé qu’il y avait un tel public
pour ce type de musique ?
Je suis le premier surpris !
Je m’attendais à un résultat correct, mais pas à ce point là. La maison de disques
est très satisfaite aussi !
Qu’est-ce qui vous fait le plus plaisir en
décrochant le N°1 ?
La sourire de ma fiancée !
Les larmes de ma mère ! J’ai eu une quinzaine de N°1 en tant que
producteur, mais avec Guitar Connection, je cumule ce rôle avec celui
d’artiste, et dans le genre musical qui m’a donné envie de me lancer dans la
musique…C’est assez mignon je trouve !
Une scène est-elle prévue ?
Je ne sais pas encore. On en
parle très vaguement. Je n’exclue rien. Ce serait beaucoup de travail, et d’investissement
en temps, en énergie et en argent. Il faut voir jusqu’où nous porte le volume 1
et comment on travaille sur le volume 2…Mais l’idée est séduisante.
Qu’est-ce qui vous motive dans tout cela ?
J’aime ce que je fais et les gens
avec qui je le fais. J’aime aussi varier les choses, et passer d’un disque à
l’autre, ou mettre un pied dans l’univers du cinéma. Mon côté créatif est
toujours en éveil.
Vous arrivez à faire le lien entre créativité
artistique et business ?
Oui et non. L’un et l’autre ont
leurs limites – naturelles ou que l’on s’impose soi-même.
J’essaie de garder à l’esprit
qu’une œuvre artistique vit en étant communiquée aux autres, sans perdre de vue
que le quantitatif ne fait pas forcément le qualitatif…Mais le succès n’est pas
une preuve de médiocrité non plus ! Quand je me lance dans un projet, je
l’assume, et l’important devient de trouver un public, et qu’il soit satisfait.
Dans ce cas-là, j’ai rempli mon contrat.
Quels sont vos autres projets ?
Beaucoup de production et de
ré-éditions du catalogue de ma société, comme toujours. Puis quelques dvd, un
livre sur Sacha Guitry, que j’admire tout particulièrement, mais quelques
vacances avant tout !
Propos recueillis par Franck Corbier
Guitar Connection (cd + dvd) Sony/BMG
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